ÉDITORIAL : La passion de l’ignorance

Dans son texte « La direction de la cure », Lacan nous invite à suivre les méandres du « manque à être du sujet[,] le champ […] où se déploie la passion du névrosé » [1] dont il fait le centre de l’expérience analytique. Par le fait même d’être frappé par le langage, le manque s’invite au cœur du sujet qui très tôt s’échine à le couvrir en le propulsant sur la scène de l’Autre : « Ce qui est ainsi donné à l’Autre de combler et qui est proprement ce qu’il n’a pas […] est ce qui s’appelle l’amour, mais c’est aussi la haine et l’ignorance » [2]. Ces « passions de l’être » donnent une forme à ce manque en évitant soigneusement de le mettre véritablement en jeu. Il s’agit pour le sujet d’un appel à l’Autre qui viendrait compléter son être, un ne rien vouloir savoir ni sur sa jouissance ni sur le manque qui caractérise l’Autre. Ces « passions nient l’Un et la solitude radicale dans laquelle il s’agit de faire l’assomption d’une jouissance Autre à soi » [3], indique Anaëlle Lebovits-Quenehen.

C’est ainsi que, sous couvert d’un symptôme dont l’Autre est mis en place de témoin, l’expérience analytique vise à découvrir ce manque-à-être. Carolina Koretzky nous rappelle que « les passions ne sont […] pas uniquement celles de l’aliénation à l’Autre, elles sont également à rapporter à l’objet comme reste, résidu de l’opération de séparation d’avec l’Autre » [4]. En se délestant de différences couches, dont les identifications, le sujet se trouve d’une part allégé et d’autre part lesté, non plus d’une passion aveugle pour l’Autre, mais d’un objet détaché du fantasme, cet objet du corps qu’il aura mis en jeu dans son lien à l’Autre, dans la plus grande extimité.

Le maniement du transfert en est profondément impacté, puisqu’il ne s’agit pas de convoquer le savoir pour combler l’ignorance. Bien sûr, « la psychanalyse peut être un remède contre l’ignorance » [5], mais c’est à la seule condition que le sujet s’en fasse responsable. Même s’il va de soi que l’analyste revêt à l’occasion les oripeaux du savoir, en aucun cas, celui-ci ne vise l’être du sujet en l’acquittant d’une responsabilité quant à sa jouissance. Il invite plutôt l’ignorant à emprunter des chemins de traverse qui l’amèneront à se faire responsable de la part de vivant qu’il a laissée à la charge de l’Autre.

[1] Lacan J. « La direction de la cure et les principes de son pouvoir », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 613.

[2] Ibid., p. 627.

[3] Lebovits-Quenehen A., « Interview », entretien avec M. Perrin, Ironik, n°17, 1er septembre 2016, publication en ligne (www.lacan-universite.fr).

[4] Koretzky C., « Passions de l’être, passions de l’â-me », La Cause du désir, n°93, septembre 2016, p. 77, disponible sur le site de Cairn.

[5] Lacan J., « Jour de grève », texte établi par J.-A. Miller, Le Séminaire, livre XXII, « R.S.I. », leçon du 19 novembre 1974, in De Halleux B. (s/dir), Le Désir de Lacan, Paris, Presses Psychanalytiques de Paris, 2021, p. 8.




Science et passion de l’ignorance – L’exemple de la « Vénus physique » de Maupertuis

Dans son Séminaire « R.S.I. » du 17 décembre 1974, Lacan cite un ouvrage de Maupertuis, célèbre dans l’histoire des textes scientifiques, celui de la Vénus physique [1], paru en 1744. Qui est Maupertuis ? Né en 1698, il meurt en 1759. En 1723, il entre, à Paris, à l’Académie des sciences et commence la rédaction de nombreux travaux qui portent d’abord sur les mathématiques et l’astronomie physique puis sur l’étude de la nature. Nous nous y référons pour montrer en quoi la passion de l’ignorance est à l’œuvre dans ce texte et fait rater à notre scientifique une découverte majeure. La question de Lacan, dans « R.S.I. », est de savoir comment faire usage du nœud borroméen. Sa réponse tombe : le nœud, s’il n’est pas une représentation, une idée de la structure, effectivement n’a pas à être pensé mais manipulé : « Pour opérer avec ce nœud d’une façon qui convienne, il faut que vous en usiez bêtement. Soyez-en dupes. N’entrez pas à son sujet dans le doute obsessionnel. Ne chipotez pas trop. » [2]

La référence à Maupertuis se situe exactement à ce point de l’avancée de Lacan. Vénus physique signe l’échec de son auteur – elle en constitue la preuve en touchant à l’ignorance. Lisons Lacan : « Cette Vénus Physique vous illustre ce qu’il en coûte de faire le non-dupe. Maupertuis en effet a le tort de ne pas s’en tenir à ce que son temps lui fournit comme matériel, qui pourtant est déjà beaucoup. Leeuwenhoek et Swammerdam ont déjà repéré au microscope ce qu’on appelle alors les animalcules, à savoir les spermatozoïdes, et ils les distinguent fort bien des œufs. On sait que ce sont ordinairement deux corps différents qui les supportent, et que de ce fait ces corps se définissent comme de sexe opposé. […] Mais Maupertuis, pour tout dire, n’est pas assez bête, et du coup il manque le point de découverte que constitue cette distinction massive pour l’appréhension réelle de la différence des sexes » [3]. Selon Lacan, l’erreur de Maupertuis est de chipoter avec ce que le savoir de son époque lui apporte quant au réel de la reproduction : l’existence des animalcules et des oeufs. Maupertuis chipote, extrapole, bref met en branle sa pensée et ses élucubrations. Du reste, la Vénus physique est connue pour les hypothèses qui y sont élaborées. Hypothèses, face auxquelles, semble-t-il, notre anatomiste ne prend pas parti. Maupertuis ne s’en tient pas à ce qu’il a sous la main, voilà son erreur. Il se refuse à être dupe. Et Lacan d’ajouter : « S’il était plus dupe, il errerait moins. Non pas certes que son erre soit sotte, car il arrive à quelque chose qui est en quelque sorte la préfiguration […] de ce qui s’est, à un examen ultérieur, à de plus puissants microscopes, révélé comme constituant l’existence des gènes » [4].

À ne pas vouloir être dupe, l’anatomiste ne voit plus ce qu’il a, là, sous la loupe du microscope. « C’est […] d’être non dupe qu’il imagine fort mal. Il n’est pas dupe dans la mesure où il ne s’en tient pas strictement à ce qui lui est fourni, qu’il fait en somme des hypothèses » [5]. Une autre façon de procéder se dégage : « L’Hypotheses non fingere, la répudiation des hypothèses, me paraît être ce qui convient, et ce que je désigne […] de ce conseil d’être assez bête pour ne pas se poser de questions » [6]. Voilà ce que le nœud borroméen permet : il ne s’agit pas de faire des hypothèses, il faut opérer avec, bêtement. C’est ce refus de la bêtise – ce refus de ne pas avoir voulu opérer avec le matériel fourni qui a fait échouer Maupertuis. Il n’a pu réellement saisir ce qui fait la distinction des sexes. Pour démontrer cette distinction, il lui aurait fallu traiter les animalcules et les œufs comme, nous dit Lacan, on doit traiter le nœud borroméen : opérer bêtement, prendre ce qui est là et en tirer les conséquences, hors de toute hypothèse. Au moment où Maupertuis a sous les yeux la rencontre des animalcules et de l’œuf, il fait appel à un troisième terme abstrait qui lui fait rater le procès de la génération. Là  est son refus de traiter le matériel fourni pour y adjoindre une idée sans substrat observable. Notre anatomiste manque de bêtise. C’est seulement à répudier son hypothèse, à se faire dupe de ce qu’il observe, que la véritable distinction entre êtres sexués serait possible.

Ainsi va la passion de l’ignorance dans le champ de l’observation scientifique. Qu’elle porte sur l’être sexué n’en a que plus de sel !

 

[1] Maupertuis, Vénus physique, suivie de la Lettre sur le progrès des sciences, Paris, Aubier, 1992.

[2] Lacan J., Le Séminaire, livre XXII, « R.S.I. », leçon du 17 décembre 1974, Ornicar ?, n°2, mars 1975, p. 100-101.

[3] Ibid., p. 101.

[4] Lacan J., Le Séminaire, livre XXII, « R.S.I. », leçon du 17 décembre 1974, inédit.

[5] Ibid.

[6] Ibid.




Désenvoûter de la passion de l’ignorance

De la longue tradition philosophique s’intéressant aux passions, Lacan en isole trois : l’amour, la haine et l’ignorance. La dernière est celle qui connaît le moins de résonnances dans les études psychanalytiques, tant les deux autres font grand bruit dans la vie des parlêtres. Pourtant, dès son Séminaire sur Les Écrits techniques de Freud, Lacan constate qu’on « néglige » l’ignorance, bien qu’elle soit aussi « fondamentale » [1] que les deux autres.

Il n’aura de cesse, dans ses écrits des années cinquante, de pointer la part jouée par l’ignorance dans les malheurs de notre Histoire – à entendre dans ses deux sens, de subjective et de civilisation. Si Lacan n’évoque pas cette passion à tout-va, il la nomme néanmoins quand la question des conséquences se pose, qu’elles relèvent des champs de l’Histoire ou de la cure. Aussi qualifie-t-il l’ignorance de « crasse » [2] ou d’« indécrottable » [3] – et, la désignant ainsi, il vise le sujet qui se complaît dans sa position de je n’en veux rien savoir, qui y reste passionné, aveuglé.

En indiquant qu’elle est « une voie où l’être se forme » [4], Lacan fait entendre à son lectorat que l’ignorance participe de l’être du sujet et, par conséquent, qu’elle est à prendre en compte dans le maniement du transfert, au même titre que ses sœurs. C’est ainsi qu’en 1954, il révèle qu’un des devoirs de l’analyste est qu’il « ne doit pas méconnaître ce que j’appellerai le pouvoir d’accession à l’être de la dimension de l’ignorance » [5]. Lacan met ainsi l’ignorance, sous son aspect de méconnaissance, aussi bien du côté du sujet que de celui de l’analyste – face à un auditoire qui compte nombre d’analystes, l’interpellation est saisissante. S’en déduit un engagement de l’analyste, en tant que, dans la conduite de la cure, il « doit l’engager [l’analysant] dans une opération dialectique, non pas lui dire qu’il se trompe puisqu’il est forcément dans l’erreur, mais lui montrer qu’il parle mal, c’est-à-dire qu’il parle sans savoir, comme un ignorant, car ce sont les voies de son erreur qui comptent » [6].

Dans son introduction en 1968 à la revue de son École, Lacan fait de Scilicet un « Tu peux savoir » [7], orientant le signifiant scilicet sur son acception de « à savoir » plutôt que sur celle du « bien entendu ». Et il y adresse d’emblée son propre échec au lecteur : « j’ai échoué à rompre le mauvais charme qui s’exerce de l’ordre en vigueur dans les Sociétés psychanalytiques existantes, sur la pratique de la psychanalyse et sur sa production théorique, l’une de l’autre solidaires » [8]. Le mauvais charme est cet autre nom de l’ignorance qui s’érige derrière des dogmes, lesquels peuvent concerner une durée fixe des séances. Le tu peux savoir vise le désenvoutement. Faisons un rapprochement anachronique [9] des locutions je n’en veux rien savoir et tu peux savoir. Remarquons ainsi qu’elles s’opposent presque terme à terme : au je de l’une s’objecte le tu de l’autre – ce qui inscrit l’importance d’une adresse et marque l’énonciation –, d’un côté le vouloir négativé et de l’autre le pouvoir positivé – ouvrant à la possibilité de –, tandis que le savoir se délie du rien. Se désensorceler de la passion de l’ignorance se paie du prix de l’énonciation, ce que Lacan met en acte dans cette introduction où il tire les conséquences des voies de son erreur.

Cette entreprise, il la poursuit en ouverture de son Séminaire Encore : « je me suis aperçu que ce qui constituait mon cheminement était de l’ordre du je n’en veux rien savoir » [10]. Il fait de cette énonciation, marquée d’avoir pris en compte ses erreurs, le moteur de son Séminaire, c’est-à-dire un enseignement qui ne méconnaît pas la passion d’ignorance. Ce qui fait que sa position à son Séminaire est tout à fait différente de celle d’un professeur : « à votre égard je ne puis être ici qu’en position d’analysant de mon je n’en veux rien savoir » [11], seule possibilité d’enseignement de la psychanalyse.

 

[1] Lacan J., Le Séminaire, livre I, Les Écrits techniques de Freud, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1975, p. 298.

[2] Lacan J., « Situation de la psychanalyse et formation du psychanalyste en 1956 », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 489.

[3] Lacan J., « Mise en question du psychanalyste », in Miller J.-A. & Alberti C. (s/dir.), Ornicar ? hors-série. Lacan Redivivus, Paris, Navarin, 2021, p. 101.

[4] Lacan J., « Variantes de la cure-type », Écrits, op. cit., p. 358.

[5] Lacan J., Le Séminaire, livre I, Les Écrits techniques de Freud, op. cit., p. 306.

[6] Ibid.

[7] Lacan J., « Introduction de Scilicet au titre de la revue de l’École freudienne de Paris », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 283.

[8] Ibid., p. 283.

[9] Anachronique en ce que tu peux savoir (1968) est écrit formellement quatre années avant je n’en veux rien savoir (1972). Cependant, cette dernière formule avait déjà quelques prémices dès 1962 dans l’enseignement de Lacan, comme lorsqu’il indique qu’« il y a quelque chose dont il [le sujet aussi bien que l’Autre] ne veut rien savoir » (Lacan J., Le Séminaire, livre IX, « L’identification », leçon du 21 mars 1962, inédit) ou dans le fait qu’il apostrophe la science en indiquant qu’il s’agit pour elle de « ne rien vouloir en savoir » (Lacan J., Le Séminaire, livre XIII, « L’objet de la psychanalyse », leçon du 8 décembre 1965, inédit).

[10] Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1975, p. 9.

[11] Ibid.




De l’ignorance, en veux-tu en voilà !

Occupés qu’ils étaient à saisir ces vertiges d’amour et de haine qui secouent nos vies et s’avouent sous transfert dans l’expérience psychanalytique, Lacan s’inquiétait que les analystes en négligent [1] un troisième, pas moins pugnace et toujours accouplé par ses soins aux deux autres passions de l’être : l’ignorance. On aime, on hait et on ignore passionnément.

L’ignorance est redevable des incises que la langue opère sur nos corps, car elle est profondément enracinée dans la constitution même du parlêtre. Elle atteste de sa capacité sidérante à ne pas prendre acte du manque qui le fonde et à préférer s’aviser de la jouissance d’autrui plutôt que de celle qui, en lui, grouille. Lacan n’en fait pas pour autant un manque de savoir, mais une passion. Cela veut dire que l’on y tient, que l’on s’y applique : bien plus à l’entretenir qu’à l’entamer. Comme si au fond, tel un étrange défaut de fabrication, les êtres parlants étaient livrés sans la pièce du désir de savoir. L’ignorance comporte un ne pas vouloir. C’est une position active, un goût pour la débilité, une préférence pour les volets fermés, eyes wide shut : « l’inconscient, ce n’est pas que l’être pense […] – l’inconscient, c’est que l’être, en parlant, jouisse, et, […] ne veuille rien en savoir de plus […] – ne veuille rien en savoir du tout » [2].

Située par Lacan comme « cassure », « à la jonction du réel et du symbolique » [3], l’ignorance n’est pas que cécité. Le parlêtre reste sourd à sa propre énonciation. Il peut déambuler, une vie durant, à l’étage de l’énoncé sans lever la tête afin de s’enseigner de ce qui se passe juste à l’étage du dessus, pourtant riche en surprises renversantes. Il a fallu l’invention de la psychanalyse pour que les hommes puissent enfin entendre leur propre message revenir à leurs oreilles « sous […] forme inversé » [4], « le sujet se trouvant dès lors branché sur le savoir supposé dont il ignorait être lui-même le siège » [5]. Inutile de chercher ailleurs la nouveauté inouïe de la découverte freudienne. Rencontrer un psychanalyste est, depuis, l’occasion inédite que ce qu’on dise, ne reste pas oublié « derrière ce qui se dit dans ce qui s’entend » [6].

Lacan évoque maintes fois la position d’ignorance de son propre inconscient qui caractérise l’analysant au début de la cure ainsi que son corrélat : la supposition, avec laquelle il recouvre l’analyste comme étant celui qui peut savoir à sa place. Mais il n’y aura pas de demande, et encore moins d’entrée en analyse, sans qu’un élément perturbateur ne vienne en amont écorner la passion d’ignorer : une contingence qui nous arrache au sommeil, un détail qui déborde du cadre du fantasme, l’incube de l’angoisse qui s’empare du corps. Bref, un réel que l’on ne peut plus tromper.

S’il arrive que Lacan épingle l’ignorance de « féroce » [7], c’est que le ne rien vouloir savoir chez les parlants lui apparaît comme radical : « J’ai dit que c’était de l’amour qui s’adressait au savoir ; je n’ai pas dit du désir, parce que pour ce qui est du Wisstrieb, quoi que ce soit Freud qui en ait commis l’impair, on peut repasser. Pour ce qui est de ceci, il n’y a pas le moindre désir du savoir » [8]. Exit le désir. Paradoxalement, c’est l’amour de transfert qui se dessine comme seule voie où le bunker de l’ignorance pourrait venir à être percé.

Rien n’est gagné pour autant, le transfert est à fois moteur et obstacle au déroulement de la cure, son maniement est une entreprise délicate. De même que l’amour et la haine, la passion de l’ignorance se déplie sur la scène brulante du transfert. Alors que l’inconscient pulse entre coriace fermeture et fugitive ouverture, chaque passion de l’être joue partie double : elles montrent autant qu’elles cachent la réalité sexuelle. Mais, fondamentalement, les trois font irruption dans la cure comme fermeture de l’inconscient. Ce peut être sous le signe positif du « vouloir être aimé » [9], ou bien sous la valence négative de celui qui a l’analyste « à l’œil » [10]. Aussi comme engouement pour la belle âme barrant la route à la rectification subjective.

L’analysant gardera son ignorance comme son bien le plus cher si l’analyste ne la dérange pas par son acte. L’évènement interprétatif a lieu lorsque, d’un geste agile, il saisit le poisson glissant qui pointe à l’orifice de la « nasse » [11], fugacement entrouverte. Occasion privilégiée de saisir ce qui se montre avant de se refermer : l’objet a « obturateur » [12] de l’orifice et agent de la fermeture de l’inconscient.

Par l’opération de l’analyste, celui qui se berce dans le flot de sa parlotte découvre qu’il recèle un bien autrement plus précieux que l’abri chaud de l’ignorance : « le bavardage se révèle contenir un trésor, celui d’un sens autre qui vaut comme réponse, c’est-à-dire comme savoir dit inconscient » [13].

[1] Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre I, Les Écrits techniques de Freud, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1975, p. 297-298.

[2] Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1975, p. 95.

[3] Lacan J., Le Séminaire, livre I, Les Écrits techniques de Freud, op. cit., p. 298.

[4] Lacan J., « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 298.

[5] Miller J.-A., « Vers Pipol 4 », Mental, n°20, février 2008, p. 185-192.

[6] Lacan J., « L’étourdit », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 449.

[7] Lacan J., Le Séminaire, livre XVII, L’Envers de la psychanalyse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1991, p. 159.

[8] Lacan J., « Intervention de Jacques Lacan », Lettres de l’École freudienne de Paris, n°15, juin 1975, p. 79.

[9] Lacan J, Le Séminaire, livre XI, Les Quatre Concepts fondamentaux de la psychanalyse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1973, p. 228.

[10] Ibid., p. 114.

[11] Ibid., p. 131.

[12] Ibid., p. 132.

[13] Miller J.-A., « Vers Pipol 4 », op. cit., p. 185-192.