Le « grand soir » de la jouissance n’aura pas lieu

Dans mon cas, il n’y a pas eu des étapes logiques de la construction du fantasme, ce qui laisserait entendre une construction par paliers ou par moments dont la logique serait à établir. Par contre il y a eu dans l’analyse des moments où je peux repérer des effets de réduction de la jouissance présente dans mes symptômes et mes inhibitions.

Cette opération a été progressive avec quelques bornes que je peux situer après-coup dans mon trajet d’analysant et non pas comme une opération qui, à la manière d’un acte, marquerait un avant et un après successifs dans le déroulement de l’analyse.

Par exemple, le rêve qui a autorisé ma désignation comme passeur « Toi, tu jouis trop », énoncé par un autre Fabian, un collègue, avec qui je me reconnaissais des signifiants communs, sauf celui d’ A.E. car ce collègue avait fait la passe, et l’interprétation de mon analyste, présente dans le mail adressé au secrétaire de la passe et à moi, en copie : « FF a traversé quelque chose », avec les points de suspension que signifiait le « quelque chose » qui me revenaient de compléter, désignait un moment de délestage de la jouissance retenue qui m’envahissait jusqu’à l’insupportable présent dans le « trop ». Le « quelque chose » que j’avais traversé était donc ce plus de jouissance dont je m’encombrais et qui m’empêchait de me situer dans la perspective de la passe comme « mon semblable » dans le rêve.

Mes pas de côtés, mes renoncements au désir, mes procrastinations prenaient un sens à partir de cette position. D’une manière plus structurale, la nostalgie, trait essentiel de mon « être dans le monde » et sentiment condensateur de la jouissance lié à la perte de l’objet, présent depuis l’enfance, prenait à partir d’ici tout son sens.

Le programme de jouissance chiffrait dans mon cas, la possibilité de rejoindre l’objet perdu sous la forme du « grand soir » que j’attendais. Une interprétation de l’analyste l’avait indiqué : « Vous attendez le grand soir… ». Un couple de rêves avaient permis de situer ce point dans l’analyse, bien qu’il m’ait fallu longtemps pour comprendre la logique de qui s’y chiffrait. Dans le premier, je suis à « Saint-Denis de la Réunion », ce qui raconté en séance et mon accent aidant, revient scandé dans l’interprétation de l’analyste : « Sans-déni de la ré-union… », avec la coupure de la séance.

Un autre rêve, fait quelques années plus tard, me fait croiser une femme aimée, qui avec un clin d’œil me dit « Tu sais, de toutes façons, il n’y a pas de rapport sexuel… ». C’est le « Tu sais » qui me frappe, dans l’énoncé et le « de toutes façons… », comme si elle accentuait le fait que même à vouloir l’aimer, à rejoindre une « union sans déni », ça ratera, et que cela, je le sais, de toutes façons que j’essaie, je m’acharne à vouloir faire exister le rapport sexuel, avec ma veine romantique, à vouloir retrouver l’objet perdu. La recherche de la femme aimée, au delà de celle du désir, cherchait à compenser la perte présente dans le « dur désir de désirer » comme le dit Lacan en équivoquant le vers de Paul Éluard. Il n’y aura donc pas de « réunion », ni de grand soir de la retrouvaille de l’objet.

Le rêve conclusif de l’analyse, l’ours-dragon gisant sur une avenue près de chez moi, vient ponctuer l’extraction de l’objet que je cherchais donc à récupérer. L’animal n’a pas les yeux complètement fermés, il n’est pas complètement endormi ou vaincu : quelque chose de la jouissance liée à l’objet reste active. J’y lis l’opacité de la jouissance liée à cet objet qui de manière certaine, ne s’est pas vidé complètement. Il y a un reste présent dans cet œil à moitié fermé.

De manière concomitante à ce parcours dans l’analyse, le développement insidieux d’un symptôme comme événement de corps, hors sens a eu lieu : le vertige. Cet événement de corps que j’ai tardé à reconnaître comme tel et à aborder en analyse, d’abord sous une forme amusée et ironique, ensuite en m’interrogeant sur son caractère d’index d’un réel en jeu, venait signer la tentative au niveau même du corps d’écrire la jouissance traumatique que le lien à l’Autre avait fixé : me tenir de l’Autre pour ne pas choir.

Ce regard de l’Autre que je cherchais pour me rassurer, son approbation, son hochement de tête que je guettais quand je parlais, étaient ma manière de lui donner consistance et dans une inversion du circuit pulsionnel m’accrocher à lui et le tenir. Le soutien de l’Autre sous différentes variantes, mettant en jeu les substances épisodiques de l’objet (a) sous une forme anale ou scopique, s’inversait en tenir l’Autre et ne pas le lâcher, comme un objet qu’on tient dans la main.

Le vertige venait donc signer, comme une attestation dans le corps, que l’opération s’était effectivement produite et que j’avais lâché définitivement l’Autre. J’avais perdu l’assurance que je prenais dans ce fantasme et la possibilité de pouvoir choir présente dans ce symptôme hors-sens pointait le désêtre où l’analyse m’avait conduit. « La paix ne vient pas aussitôt sceller cette métamorphose »[1] dit Lacan, et je ne pouvais que me tenir désormais dans un équilibre instable, dont le vertige est l’index, où la division subjective, division et non pas fading du sujet, est l’effet du repérage de la place de l’objet plus de jouir comme reste de cette construction.

[1]   Lacan J., «  Proposition du 9 octobre 1967 », Autres écrits, Seuil, Paris, 2001, p. 254.




Identité et trauma à Paris 8

« Identité et trauma ». Tel est le titre sous lequel s’est tenue la journée du département de psychanalyse de Paris 8 le 9 janvier dernier. Ce thème proposé par Clotilde Leguil invite à croiser deux concepts dont l’un est à coup sûr psychanalytique – le trauma – tandis que l’autre est plus flou. L’identité a été à ce point à la mode dans les sciences sociales qu’on aurait pu la croire usée jusqu’à la corde, mais elle est increvable. Ces deux signifiants, identité et trauma ont donc cela de commun qu’ils sont tous deux des signifiants-maîtres de notre époque. Les attentats, depuis celui de 1995, en France, par leur retentissement, ont entraîné une réponse de l’Etat : de la reconnaissance des victimes à la mise en place des cellules d’urgence destinées à leur prise en charge. Didier Cremniter, qui dirige l’une de ces unités (la CUMP) était présent et a pu faire état de la clinique spécifique de l’urgence à laquelle il travaille.

Le pullulement des désastres, des événements disruptifs venant traumatiser les civils et frappant au hasard, ont eu ce pouvoir de consolider une identité spécifique : celle de la victime. Si Richard Rechtman indique la nécessité absolue de la reconnaissance de ce statut et l’apaisement qu’il procure, Guy Briole a pu quant à lui mettre en évidence, à partir d’exemples cliniques d’une grande finesse, comment cette identité d’emprunt, « factice », pouvait aussi être, dans un second temps, source d’embrouilles pour le sujet. Ce dernier, au détour de l’analyse, pourra ainsi faire en sens inverse le chemin qui le mènera de ces signifiants de l’époque, d’un moment, à ses propres signifiants et, de là, à son « identité la plus assurée » : son symptôme, pour reprendre la proposition de Jacques-Alain Miller[1]. Comme Clotilde Leguil le rappelait dans son texte introductif[2], s’il y a une identité qui vaut en psychanalyse, c’est celle du je. D’un je auquel le symptôme vient donner sa tonalité, son style à nul autre pareil. C’est donc à rebours du discours dominant qui favorise ces identités factices, que la psychanalyse s’invente et s’éprouve.

Ce discours du maître si avide de faire entrer le sujet dans une case – la case T1 / « T’es un », comme Marie-Hélène Brousse l’illustrait l’an passé dans son séminaire à l’ECF[3], avec cette équivoque tirée d’une cure – propose ainsi une multiplicité d’identités, qui ne sont, en définitive, que « de papier », souligne encore Marie-Hélène Brousse. Papier à jeter, mais papier qui colle à la peau, qui sépare et ségrégue, comme l’a montré Eric Laurent en déployant la logique des récentes élections américaines, et la promotion de l’idéal du blanc, revisité par Donald Trump. Il en déduit que la politique des identités, défendue par Hilary Clinton, a « rencontré un trauma », au profit donc d’un retour de l’identité comme Une. De manière concomitante, une politique de « l’imprévisible et du chaos » émerge, avec « autorisation à une jouissance mauvaise ».

Cette société qui vend de l’identité prêt-à-porter, fondée sur l’universel facile dégagé par Jean-Claude Milner, est aussi celle qui produit une nouvelle forme de trauma. François Ansermet a ainsi mis en évidence l’émergence du « trauma de prédiction » auquel la science donne naissance dès lors qu’elle anticipe la maladie d’un sujet. Retournement du temps, angoisse redoublée d’un demain qui rime avec la disparition, ce trauma d’un type nouveau, qui enterre la vie et la fait passer au passé en un tour de main, témoigne aussi des mutations de l’identité dans le discours du maître, une identité éclatée, bousculée, dans laquelle le sujet se perd, et où la psychanalyse peut lui frayer un chemin, pour se retrouver, au présent.

[1] Miller J.-A., « Le symptôme : savoir, sens et réel », Le symptôme-charlatan, textes réunis par la fondation du champ freudien, Champ freudien, Seuil, 1998, p. 55.

[2] Ce texte est paru dans le n°619 de Lacan Quotidien.

[3] Séminaire tenu l’an dernier sous le titre Identity Politics. Cet exemple est pris de son premier cours.




Corps mutations, dans l’après-coup de la soirée de la passe

Ce que j’ai extrait de cette soirée de travail des AE[1], est une reprise de la question de mon rapport au corps. Je peux dire après coup qu’avec cette construction du PCR de Perrault, un certain chiffrage s’est motérialisé avec quelques ingrédients jouissifs issus de la scène primitive : maman-papa, couteau, coupure, rouge sang. Ces signifiants se sont noués au corps de l’analysant. Il a fait corps avec cela. Alors qu’il rêvait d’être une tête sans corps. Soit une défense contre le sexuel rencontré très tôt. La construction d’une boucherie fantasmatique dans l’analyse aura été le chiffrage puis le déchiffrage de ce qui a percuté ce corps, a fait coupure et a piqué.

Un rêve de transfert de chair me fait accéder à un autre statut du corps : je marche dans la rue avec mon analyste sur le dos, je lui fais voir des morceaux de peau, des articles de corps donnerie. C’est un rêve sans dit qui montre qu’il y a découpe. Comme il a été relevé lors de la soirée, on voit ici comment l’analyste complète le symptôme avec son corps qui s’ajoute, pour pouvoir ensuite le lire, ici, chiffrage de l’inconscient réel. Anne Lysy qui animait notre soirée a fait valoir encore l’importance de l’interprétation à deux. Qui n’est pas sans analogie d’ailleurs avec la danse évoquée par Dalila Arpin, Dominique Holvoet et moi, selon des modalités diverses.

Le don d’un morceau de corps, mamme découpée, circulant entre l’autre et moi, me permit la mise en forme de l’objet. Jouissance indicible d’une mamme que l’enfant colle sur sa mère pour la pomper. Cet organe est à lui. L’analysant est “gros de cette mamme”. C’est une partie de son corps “propre”, alors qu’elle est “offerte” par l’autre. Ou plaquée sur lui. Il y a mouvement d’une pièce détachée. Drôle de corps décidément !

C’est l’interprétation de l’analyste, “Vous donnez à l’Autre des plats consistants” qui a pu déjouer l’Autre carnassier à la grande bouche. Cela a permis d’isoler un “se faire bouffer”, sans Autre jouisseur. Ici, poids du corps qui s’ Un-pose. Je me suis demandé si j’allais m’aigrir de cette mamme ou m’en réjouir autrement ? Faire un autre usage de cette avidité ? La discussion animée avec les collègues a fait valoir un nouvel usage de légèreté avec le corps, qui est venu trouer cette lourdeur de la jouissance Une. Esthela Solano-Suarez a fait valoir que ce qu’il y a de plus réel du corps, c’est le trou. Cette dernière mutation permet une nouvelle danse avec ce qui ne s’efface pas, le reste sinthomatique, et qui garde une certaine épaisseur.

Je peux dire que pour moi, mais pas seulement, ce fut une soirée de rencontre, de relance joyeuse dans le travail à plusieurs, qui permet de creuser en-corps son sillon.

Vivement la suite !

[1] Soirée de la passe du 10 janvier 2017.

 




Laissez voler les petits papiers

L’inflation populiste qui se fait jour partout en Europe et dans le monde avance main dans la main avec le gonflement des revendications identitaires, masques de fer tentant de recouvrir la précarisation des existences contemporaines, voiles plus ou moins consistants pour masquer l’introuvable identité, de structure, du sujet. Face à cette déferlante nécessairement séductrice en cela qu’elle conjoint une réponse à la chute des idéologies ou institutions qui maillaient l’existence et une tendance du parlêtre à s’abriter dans le creux d’un habit prêt-à-porter toujours mal taillé par l’Autre, que peut la psychanalyse ?

Les réponses apportées par deux des lieux privilégiés où se transmet son orientation, les soirées d’enseignement des Analystes de l’École, le Département de psychanalyse de Paris 8 – et plus particulièrement la journée d’étude du 9 janvier dernier, frappent dans leur grande proximité comme dans l’imbrication profonde qu’on y entend entre clinique et épistémologie. Ce sont des réponses qui partent de la pratique quotidienne d’analysants et d’analystes que leur désir a porté à les faire entendre au-delà de ce cercle fermé, pour circonscrire et faire reculer au quotidien, modestement, le repli constitutif du malaise d’aujourd’hui.

Elles dévoilent à quel point nos identités sont « de papier » pour reprendre l’image fulgurante de Marie-Hélène Brousse, et que, si le papier ça colle, et ça peut durer, ce n’est que pour un temps. Que ne plus croire dur comme fer au masque, comme nous l’apprennent les AE, c’est préférer en user comme du papier qui se découpe : par petits bouts, pour en extraire le mouvement, celui d’une «  matière vivante » comme le dit joliment Sonia Chiriaco, laquelle s’éprouve dans une analyse, mais aussi lorsqu’elle est menée à son terme, et dans les discussions des AE qui tâtonnent, encore après, et exposent leurs mouvements. N’est-ce pas le cœur de ce que la psychanalyse nous apprend ? Se décaler de ce qui toujours consiste, trop, après en avoir cerné la marque, lui préférer les tâtonnements, une forme plus digne de précarité, et redonner de la légèreté au papier, pour le laisser s’envoler.




Ce qui opère dans l’analyse vu à partir de l’outrepasse : entretien avec Sonia Chiriaco

Hebdo blog : Lors de la première soirée des Enseignements de la passe, consacrée aux étapes logiques de la construction du fantasme : la désactivation du programme de jouissance, vous occupiez la position d’extime. De cette position particulière, quel trait de la soirée vous a le plus frappée?

Sonia Chiriaco : Ce qui m’a le plus frappée dans cette soirée, c’est que nous avons assisté à un véritable travail de laboratoire. Le travail d’élaboration de chacun se fait in vivo, quasiment en direct. Chaque AE apporte ce qu’il a découvert dans sa propre analyse mais aussi ce avec quoi il tâtonne encore, et il s’expose dans son tâtonnement. C’est tout l’intérêt de ces débats extrêmement vivants et où la parole est authentique, spontanée, même si elle se fait à partir d’un exposé sur un thème donné, ce soir-là le thème du fantasme.

J’ai été également frappée par l’usage, inhabituel jusque-là, qu’ont fait nos collègues du terme d’outrepasse, considérant que ce moment de la passe 3, ce moment actuel d’enseignement, c’est l’outrepasse. Je me souviens qu’il y a quelques années, mes collègues AE et moi-même réservions ce terme à ce moment prolongé dans l’analyse même, après la traversée du fantasme, jusqu’à la passe conclusive, suivant en cela, me semble-t-il, ce que nous avait transmis Jacques-Alain Miller dans son cours « L’Un tout seul ». Ce nouvel usage du terme d’outrepasse témoigne d’une certaine liberté à l’égard de nos outils conceptuels et participe de l’aspect laboratoire.

Je dirai encore qu’occuper la place d’extime le temps d’une soirée de la passe, c’est une chance ! L’extime est un peu un agitateur qui, par sa lecture, peut faire surgir de l’imprévisible et par là, inciter chacun à aller plus loin dans son élaboration, à s’arracher encore ces petits bouts de savoir qui vont permettre d’approcher encore, de traquer, de cerner le sinthome qui ne peut se dire comme tel. Et tout le monde, orateurs, auditeurs, profitent de ce qui s’invente là. Bref, j’oserai dire que cette soirée était une performance et j’ai été ravie d’avoir été invitée à y participer !

H. B. : Dans les quatre cas exposés lors de cette première soirée qui concernait les étapes logiques de la construction du fantasme, il n’y a pas eu de témoignages de « moments éclairs » de traversée du fantasme, avez-vous souligné, mais plutôt une reconstruction de cette traversée dans l’après-coup. Or, vous observiez que ces témoignages émanaient de collègues masculins. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces « moments éclairs» qui se situeraient plutôt sur un versant féminin ?

S. C. : C’est vrai que j’ai été surprise par cette constatation et j’ai dit mon étonnement : nos collègues masculins ont parlé de la traversée du fantasme comme d’un moment dont ils ne pouvaient reconstruire la logique qu’après-coup, et justement dans ce moment actuel de leur enseignement ; cette soirée était justement une occasion pour eux de faire cette lecture après-coup. Or, nous avons tous en tête des témoignages féminins qui évoquent, dans l’analyse même, ce moment soudain de la chute de l’objet qui a entraîné d’un seul coup la déconstruction du fantasme, de la fiction, faisant alors apercevoir la logique qui était à l’œuvre dans ce montage. J’ai moi-même parlé de ce moment éclair dans mes premiers témoignages. Plus récemment, Hélène Guilbaud en a fait le titre de son exposé aux journées 46, « En un éclair », et elle a très bien montré comment toute sa construction, en se désagrégeant, s’est ordonnée logiquement.

Lacan dit des femmes qu’elles n’ont rien à perdre. Est-ce ce rapport au phallus qui fait la différence entre nos collègues AE femmes et hommes concernant leur rapport au fantasme et à l’objet ? C’est une piste. Je pense que cette question est à mettre au travail dans le laboratoire des AE.

H.B. : Pour qui penserait que l’on peut séparer le savoir extrait d’un trajet analytique mené à son terme des enseignements cliniques articulés à une sémantique des symptômes, ces soirées apportent un formidable démenti. Ce sont en effet, des lieux de transmission d’une clinique précise, audacieuse. Le désir d’élucidation de ce qui est au cœur de l’expérience analytique rejoindrait-il le vif de la recherche clinique en une question brûlante ?

S. C. : S’il y a un vrai engouement pour ces soirées d’AE, c’est bien qu’il s’agit là de la matière vivante de la psychanalyse. Ce qui s’y dit, ce qui s’y élabore, peut toucher chaque analysant, qu’il soit dans le début de son analyse ou qu’il approche de la fin. Ces résonnances montrent que la psychanalyse est bien vivante, ce n’est pas un corpus de savoir figé. Les exposés, la discussion, les questions de la salle, tout cela participe à un travail à l’œuvre. Chaque AE s’expose, s’avance, peut se contredire lui-même. Par exemple, dans l’argument de cette soirée, on pouvait lire que la fin de l’analyse menait à un « Je suis cela ». Or, finalement, et heureusement, aucun de nos collègues AE n’a dit « Je suis cela » mais plutôt « C’est ça, j’ai affaire à ça », ce qui n’est pas du tout la même chose ! Le sinthome n’est pas une identification, ce n’est pas une nomination. Au fond, à la fin de l’analyse, ce que l’on saisit ce sont des indices, des indices du choc traumatique de lalangue sur le corps, il n’y a pas de dernier mot.

La preuve, c’est que ces soirées de la passe vont se poursuivre et c’est tant mieux !

Les enseignements de la passe ont lieu au local de l’ECF, 1 rue Huysmans. La première a eu lieu le 13 décembre 2016, à 21h15.