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Par Sophie Gayard
25 mars 2018
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Du congrès de l’AMP à Barcelone, nous attendons avec impatience des élucidations et des avancées dans le programme épistémique lancé par Jacques-Alain Miller il y a maintenant vingt ans avec l’invention du syntagme « psychose ordinaire »[1]. S’interroger sur la première partie du titre de ce congrès, « Les psychoses ordinaires et les autres », fait émerger un autre balancement : « le dernier enseignement de Lacan et le premier ». Une chose et une autre, donc. Pouvons-nous donner au « et » qui structure ces deux expressions toute sa place et toute sa force, et en déplier les enjeux ? Car ce n’est pas : aux psychoses ordinaires le dernier Lacan et pour les autres, son premier enseignement.

En effet, à ne prendre appui que sur les dernières élaborations de Lacan et le nœud borroméen, ne risquerait-on pas de promouvoir une clinique qui, paradoxalement, courrait le danger de s’éloigner d’une praxis analytique ? L’écueil résiderait me semble-t-il dans un possible mésusage du concept de sinthome s’il nous engageait à une pratique par trop mécanique des effets pragmatiques de nos outils de bricolage, laissant place à un retour de la suggestion. Restons freudiens : les effets thérapeutiques sont toujours « de surcroît ». Beaucoup de stabilisations dans les psychoses ne sont pas pour autant solutions sinthomatiques pérennes.

Or, le thème du congrès, dont il faut faire valoir le titre entier : « Les psychoses ordinaires et les autres, sous transfert », nous porte au cœur même de la pratique analytique et conduit à s’interroger sur le discours analytique en tant que tel – que les sujets qui s’y engagent relèvent de la psychose ou de la névrose, quelles qu’en soient les formes, les modalités symptomatiques, les subtilités – et ce, jusqu’à la question de la fin de l’analyse même.

Il s’agit plutôt de conjoindre dans notre approche les repères de la structure – dont la relative rigidité permet de rendre compte des phénomènes de discontinuité quand la chaîne signifiante se brise et oriente vers des tentatives de réparation par substitution – et la plasticité du nœud, dont les déformations, étirements, ou formes précaires de nouage ouvrent pour leur part à des modalités propres de remaniement.

En son temps, c’est au moi que Freud reconnaissait ces propriétés : « il sera possible au moi d’éviter la rupture de tel ou tel côté en se déformant lui-même, […] éventuellement même en se crevassant ou en se morcelant »[2].

Si dans son fond, c’est toujours d’un traitement de la langue qu’il s’agit pour permettre au lien social de ne pas se défaire ou de se restaurer, pourquoi opposer une « clinique de la substitution » et une « clinique de la connexion », selon les heureuses expressions de Serge Cottet[3] ? Les deux axes de la métaphore et de la métonymie sont toujours convoqués. Le mot lui-même est nœud[4], disait Lacan très tôt, dans ses « Propos sur la causalité psychique ».

C’est par sa présence et son acte que l’analyste peut donner chance à ce que le lien transférentiel permette suture, épissure, réparation ou raboutage pour faire tenir le nœud, en acceptant de s’y inclure, et en sachant que pour le parlêtre, de toute façon, le nœud borroméen toujours rate. Suivons le conseil de Beckett[5] : ratons mieux !

[1] Miller J.-A., « Clinique floue », in collectif, La psychose ordinaire, Paris, Agalma/Le Seuil, 1999, p. 230.

[2] Freud S., « Névrose et psychose », Névrose, psychose et perversion, Paris, puf, 1985, p. 286.

[3] Cf. Cottet S., « L’hypothèse continuiste dans les psychoses », L’inconscient de papa et le nôtre, Paris, Éd. Michèle, 2012, p. 165.

[4] Cf. Lacan J., « Propos sur la causalité psychique », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 166 : « Le mot n’est pas signe mais nœud de signification. »

[5] Beckett S., Cap au pire, Paris, Éd. de Minuit, 1991.

Numéro : L'Hebdo-Blog 132
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