Introduction
Avec le 3e Congrès européen qui se tiendra à Bruxelles les 4 et 5 juillet 2015 sous le titre Victime ! Pipol 7 met à l’ordre du jour une question cruciale pour notre époque.
Émotion, compassion, dévotion, furor sanandi, haine… combien de passions humaines ce signifiant peut-il charrier. Sujet pléthorique en notre siècle, il l’est surtout par l’inflation de protocoles, de groupes de paroles, de dédommagements en tous genre, de traitements visant à annuler la moindre parcelle de responsabilité subjective à ceux qui furent un jour, victimes !
En leur offrant d’épingler leur être depuis le préjudice subi, les sujets sont résorbés dans ce statut. Notre société dépense pourtant une incroyable énergie aux fins d’éviter que quiconque ne s’y affronte. Étrange paradoxe que celui de notre temps où chacun postule à une reconnaissance de ce statut de victime – généralisé tant dans les médias que dans le discours courant – alors même que la prévention et la sécurité s’emploient à faire reculer un réel qu’elles ignorent pourtant et qui cristallise souvent sous le signifiant Victime.
Pour se mettre en marche vers le Congrès, L’Hebdo Blog a eu l’idée de poser plusieurs questions à quelques membres du Comité de pilotage de l’événement, et à quelques autres… En guise de liminaire, L’Hebdo Blog vous livre les questions qu’il a posées à ses invités :
– Victime ! avec son point d’exclamation sonne comme un verdict, un impératif, une sentence. Quel enjeu politique y a-t-il selon vous, particulièrement aujourd’hui, à effectuer un aggiornamento de ce statut ?
– Dans la société d’évaluation qui est la nôtre, diriez vous qu’il en va du signifiant « victime » comme de celui de « handicap » : au fond chacun semble a l’affût du degré de victimisation ou du taux de handicap dont il relève, eu égard à une norme rêvée ? Comment expliquer le succès de signifiants à priori si peu désirables ?
– La figure de la victime fascine et émeut si l’on en croit les foules que drainent les fictions les mettant en scène. Pourtant dans la vie elles suscitent aussi le rejet et peuvent voir se déchaîner à leur endroit une haine sans limite. Est-ce là un point que le Congrès va nous permettre d’appréhender ?
– À l’endroit de celui qui a subi drame ou préjudice, quelles nuances établiriez-vous entre la position empathique idéalisée et la « fraternité discrète » qu’évoque Lacan dans les Écrits ?
Vous aurez le plaisir de découvrir dès à présent la réponse d’Éric Zuliani dans ce même numéro, puis au fil des semaine qui nous séparent du Congrès, vous découvrirez les textes que nos invités auront bien voulu produire pour éclairer nos questions.
Le Congrès c’est dès aujourd’hui, mais pour y être, pensez à vous inscrire !