Étiquette : L’Hebdo-Blog 65

Jeunesse des ados

Dans une intervention à Milan en 1972, Lacan dit que « jeunesse est un mot tendre ». C’est en effet un mot qui donne une chance de se confronter au malentendu des semblants et au réel de la jouissance, sans s’en faire les servants.

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L’adolescence : ni un âge, ni un temps, ni un stade

Mars 2015, les membres de la commission des conférences de Reims choisissent le titre « Sexe(s), Ado » pour le prochain cycle. Laurent Dupont accepte d'être l'un des conférenciers et indique qu'il parlera des Hikikomoris. C'est entendu ! La rencontre avec l'Autre sexe sera abordée avec une certaine distance.

Le 31 Janvier 2016, Laurent Dupont, à la table, débute avec « les garçons en bande » : « Les garçons, il faut que ça bande ». Ah ! Changement de cap ? Tranquillité bousculée... Il ajoute : « Mais ça n'a pas à voir avec le sexe ». Ah bon, il fallait le dire ! Nous pouvons retourner aux dossiers confortables de nos chaises.

L'adolescence existe-t-elle ? C'est la question que Laurent Dupont pose, faisant cette fois vaciller le terme « ado » que nous avions retenu. Décidément, l'après-midi ne sera pas tranquille ! L'adolescence n'est ni un âge, ni un temps, ni un stade. C'est « une construction signifiante »[1] poursuit-il, citant Jacques-Alain Miller.

Puis, parlant de sa passe, Laurent Dupont témoigne des signifiants qui ont marqué son adolescence : « Fuck », « Destroy » et « No Future ». Ils résonnent comme des slogans. « Fuck » comme signifiant du ratage, c'est l'interjection anglo-saxonne de ce qui rate. « Destroy » pouvant être le slogan d’Alex, un ado qui, pour prouver qu’il est un garçon, doit en détruire un autre. « No Future » serait le signifiant de l’absence de garantie... Rien n’est écrit, tout est à inventer. Le mouvement punk, que Laurent Dupont aura rejoint pour faire bande, s'avérait avoir une fonction. Celle-là même, essentielle et fondamentale, qu'il « monte sur l'escabeau ».

Ainsi les remaniements de la puberté qui introduisent la question de l'Autre sexe, confrontent à un : comment faire avec ça ? La question alors en jeu est : comment faire pour être un homme, pour être une femme... Ou pas ?

L'analyste, Laurent Dupont, nous donne cette indication précieuse : de repérer avec quelle image, quel discours les ados que nous recevons, se soutiennent... Ou pas ? De sa pratique, il nous présentera un cas, où, devant se présenter comme sexué devant l’Autre sexe, c'est l'hallucination « pédé » qui fait réponse dans le réel pour le sujet, témoignant de ce que le corps fait trou.

Laurent Dupont conclue sur cette citation de Lacan « LOM cahun corps »[2] et à chacun de se débrouiller avec ça... Cahin-caha.

Incontestablement l’intranquillité a du sens ! Ça oriente et nous dirige tout droit vers la quatrième journée de l'Institut de l'Enfant dont Laurent Dupont en est le directeur.

[1]   Miller J.-A., "En direction de l'adolescence", Interpréter l'Enfant, Petite Girafe, n°3, Navarin éditeur, Paris, 2015, p. 192.

[2]   Lacan J., « Joyce le Symptôme », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 565.

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Que se passe-t-il à presque dix-sept ans ? – À propos de la conférence de P. Lacadée

Le 27 février 2016, le laboratoire « Grain d’sel » du Centre Interdisciplinaire sur l’Enfant de Metz accueillait Philippe Lacadée pour une conversation inter-laboratoires suivie d’une conférence. L’argument proposé par Philippe Lacadée était le suivant : « Que se passe-t-il à presque dix sept ans ? […] Qu'en est-il au XXIe siècle là où les temps modernes offrent des nouvelles modalités de lien social réactualisant les questions essentielles des adolescents en ne leur offrant pas toujours la possibilité de bien situer ce qui peut leur poser problème ?»1.

Un passage de cette conférence aux accents rimbaldiens a particulièrement retenu mon attention : « Rechercher le lieu et la formule2 où être identifié, rechercher son nom de jouissance, faute d’avoir rencontré un non de jouissance ruineuse surgie au moment de la puberté, reste ainsi la quête centrale de l’adolescence. »3 Je profitais de l’occasion pour relater une courte vignette à propos d’un collégien d’une classe de sixième qui n’a pas attendu dix-sept ans pour trouver son lieu et sa formule, même si ce fut de manière fragile et transitoire – comme l’est toute création. JT est un élève épinglé des signifiants « agité » et « perturbateur », qui n’ont comme effet que de l’agiter encore plus. Pendant mon cours d’arts plastiques il sollicite énormément l’attention, se déplace constamment, parle à tort et à travers… Bref, comme s’en sont plaint dans un style très branché sur la pulsion ses camarades excédés au bout de quelques semaines : « Monsieur, il nous emmerde ! »

Jusqu’au jour où JT me propose en début d’heure de rebrancher un câble informatique débranché et d’allumer à ma place l’ordinateur et le vidéoprojecteur dont je me sers habituellement à mon bureau. Pendant que je fais l’appel il démarre une session à son nom, branche la clé USB que je lui confie et ouvre les documents à projeter à la classe. « Et voilà, vous voyez, je suis assistant ! » Si, après l’avoir remercié, je l’autorise à rester à côté de moi pour se servir de l’ordinateur à des fins de créations graphiques, je lui signifie cependant qu’il ne restera pas toujours à cette place. Depuis qu’il travaille à mes côtés j’accepte également qu’il dessine parfois au tableau plutôt que sur support papier.

Après tout certains sont accompagnés par des Auxiliaires de Vie Scolaire, d'autres ont des prothèses auditives ou des appareils de transcription ou des cannes... Pourquoi JT n'aurait-il pas un ordinateur ? C'est une aide pour lui, ce que Philippe Lacadée nomme joliment « point d’où l’adolescent peut se voir digne d’être aimé »4, d’où s'ancrer également dans l'espace. JT ne part dès lors plus à la dérive avec la volonté d'accrocher l'écoute et les regards. Il a donc su trouver son lieu et sa formule que j’ai pu et su accueillir. Jusqu’au jour où un assistant d’éducation est venu le chercher en classe pour cause de courriel anonyme et insultant envoyé à l’administration depuis l’ordinateur …

Philippe Lacadée a évoqué la manière dont la psychanalyse, d’une manière nouvelle, a éclairé le moment de la puberté « que Freud rendait équivalente au fait de percer un tunnel des deux côtés à la fois, et de le traverser. Donc, un trou dont une extrémité perce l’autorité, le savoir, la consistance de l’Autre parental, de ses idéaux et l’autre extrémité perturbe le vécu intime du corps de l’enfant, venant faire trou dans son image corporelle et son existence d’enfant. Un tunnel où s’opère une déconnexion pour le sujet entre son être d’enfant et son être d’homme ou de femme à venir.»5 Cet entre-deux, que Jacques-Alain Miller définit comme un moment de « mystère douloureux qu’est le sujet pour lui-même »6, est celui où l’adolescent doit tenter de dire ses sensations nouvelles, inventer un nouage entre le corps et les mots et renoncer pour cela à une certaine part de jouissance. Dans l’urgence, en proie à « l’insécurité langagière » au bord du vide créateur, « il peut loger cette jouissance du corps, par un usage de la langue, sous le mode de l’injure ou de l’insulte »7. Une autre anecdote m’est revenue depuis à ce propos – reste d’un ratage où je n’ai pas su me faire lieu d’adresse d’une formule percutante.

Kâli, adolescente en classe de troisième, a des capacités certaines mais reste l’objet d’une vive agitation qui la déborde, à l'image du volcan évoquée par sa mère lors d’un entretien avec sa professeure principale. Elle a en effet bien du mal à se positionner au collège par rapport à ses interlocuteurs. Elle questionne les limites et traite parfois les adultes d’égal à égal tout en restant du côté des ses camarades qu’elle amuse et séduit par son comportement, une manière de jouer sur les deux tableaux, un pied de chaque côté du tunnel évoqué par Freud. Lors d’un cours d’arts plastiques où j’étais particulièrement excédé par le comportement de cette élève frondeuse parmi d’autres, je me suis mis à élever la voix pour la tancer vertement au bord du cri. Un mot en appelle un autre… jusqu’à l’insulte qui fuse : « Il a ses règles ou quoi ?! ». Sous l’effet de l’ire, je passe à l’acte : mise en place immédiate d’un protocole d’exclusion de cours – « Dehors ! ». Sur l’instant je n’ai pas entendu toute l’ironie que pouvait recéler sa formulation prise au pied de la lettre, cette ironie des adolescents qui selon Philippe Lacadée « met en question le savoir de l’Autre, face au tout pouvoir de la sensation nouvelle à laquelle ils tiennent »8. Dans ce dialogue de sourds – la règle opposée aux règles – je me trouvais également renvoyé. Renvoyé, d’une part à mon trop de sérieux de censeur bêtement identifié à sa fonction et à « l’horreur de sa jouissance à lui-même ignorée »9, d’autre part à mon angoisse de castration et au réflexe de défense mis en place face à l’irruption de la différence sexuelle venant faire trou dans le réel : « Cachez ce sang que je ne saurais voir ! »10. Philippe Lacadée parle à ce propos de « crise de la langue articulée, S1-S2, liée de structure à ce trou dans le réel », d’un signifiant « tout seul » qui, « directement branché sur la pulsion peut alors se déchaîner, et perturber le lien à l’Autre. L’adolescent préfère s’assurer de son S¹ tout seul qui noue directement son corps à sa pensée, c’est ce qui montre les points d’impact du dire sur son corps, ce dont il fait un usage de jouissance en ne s’articulant plus au corps de l’Autre de la langue […]»11.

Comment faire alors pour échapper à la sidération, mettre du jeu entre les Je et articuler mon corps à la langue de l’Autre? Lorsque je fus informé du passage à venir de Kâli en commission disciplinaire en raison de ses nombreux écarts de conduite, j’essayai de rattraper ma bévue en donnant au signifiant tout seul une chance d’essaimer. J’adressai un courriel à mes collègues ainsi qu’à la direction du collège : « […] Kâli sait faire preuve d’humour, j’en aurais volontiers ri avec elle : ce genre de « bon mot » est à réserver au cercle des intimes ou à mettre à profit dans un cadre adéquat. Ce signifiant « règles » est des plus intéressants : témoin du passage de l’enfance à l’adolescence et marqueur d’un questionnement sur la sexualité des grands et notre commune finitude, règles du jeu, de l’art, règles de conduite définissant ce qui est conforme aux usages… Jouer avec les mots est déjà une manière de se les approprier et d’en discerner les sens par l’équivoque. Ce que Kali a très bien su faire lors d’une séance d’arts plastiques autour de l’œuvre de René Magritte et du sens des mots chez cet artiste surréaliste : cette fois-ci dans un cadre approprié. Ce qui a eu un effet drôle et apaisant ce jour-là. […] ». Temps de reprise, temps pour comprendre qu’un excès de jouissance m’avait laissé hors discours et qu’il restait à ma charge, après coup, de le cerner par l’écriture pour en transmettre quelque chose.

  1. Lacadée Ph., Que se passe-t-il à presque dix-sept ans ?, conférence au Grand Grenier des Récollets de Metz, 27 Février 2016.
  2. Rimbaud A., « Vagabonds », Œuvre-Vie, édition du centenaire établie par Alain Borer, Arléa/Le Seuil, 1991.
  3. Lacadée Ph., Que se passe-t-il à presque dix-sept ans ?, op cit.
  4. Ibid.
  5. Ibid.
  6. Ibid.
  7. Ibid.
  8. Ibid.
  9. Freud S., L'Homme aux rats, Journal d'une analyse, (1909), Paris. PUF, 2000.
  10. Schaeffer J. : « Le fil rouge du sang de la femme », article en ligne : http://www.spp.asso.fr/wp/?p=2486.
  11. Lacadée Ph., Que se passe-t-il à presque dix-sept ans ?, op cit.

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Mustang : six filles au galop !

C’est le dernier jour de l’année scolaire dans un petit village du Nord de la Turquie d’aujourd’hui. Il fait beau, cinq sœurs orphelines de treize à dix-sept ans décident de rentrer chez leur grand-mère en passant par la plage. Lale, la plus jeune, est triste de quitter l'une de ses enseignantes qui part vivre à Istanbul. Juchées sur les épaules de garçons, les sœurs jouent dans les vagues, toujours habillées de leur uniforme d’école : chemisier blanc, jupe et collants. Avec leurs longs cheveux qui flottent au soleil comme des crinières de chevaux sauvages, elles s’affrontent.

À leur retour, leur grand-mère qui les élève depuis une décennie, les attend de pied ferme pour les punir. Tout le village est au courant de leur conduite jugée obscène. Elles se seraient frottées l’entrejambe aux nuques des garçons. Leur oncle Erold arrive furieux chez sa mère et amène illico les trois sœurs les plus âgées à l’hôpital afin de faire attester leur virginité. Le recours à la science est requis.

Du jour au lendemain, ces jeunes filles sont privées de liberté, coupées du monde extérieur. Adieu portables, ordinateurs, livres, écoles, vêtements modernes. Elles sont priées de rester vivre à la maison qui va devenir peu à peu une usine à marier. La famille se charge de les y préparer, cours de cuisine et de couture inclus.

Mustang, premier long-métrage de la réalisatrice Deniz Gamze Ergüven, a été présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes cette année où il a remporté un vif succès. Il vient de recevoir trois Césars et, au mois de février, il a représenté la France aux Oscars. Dans un hors-champ[1], la réalisatrice a expliqué que ces cinq filles ont perdu leurs parents jeunes et sont issues d’un milieu bourgeois, citadin. Elles se retrouvent comme des « étrangères » dans ce village rural au bord de mer. Leur famille leur a donné beaucoup de liberté du fait de la perte de leurs parents. Soudain, un autre discours apparaît au moment de leur puberté. La conduite de ces jeunes filles est jugée indécente, sexualisée, et plonge ces dernières dans l’incompréhension. Erold, l’oncle incestueux, sait ce qu’est une femme. Les sexes sont ainsi séparés et figent le non-rapport sexuel[2].

Le scénario de Mustang a été écrit à toute vitesse, vingt heures par jour. Le rythme du film s’en ressent. Deniz Gamze Ergüven – la sixième fille du film –, a voulu transmettre l’image d’une Turquie « vivante, fougueuse, très jeune », prise aussi dans ses contradictions. Pays où les femmes ont obtenu le droit de vote en 1934, soit dix ans avant la France et sont rentrées en force au parlement turc en 2015 : 96 sur 550 députés. Chiffre record ! Mais la situation des femmes s’est dégradée tant dans les discours que dans des actes de violence.

La réalisatrice pose la question à travers ces jeunes filles de ce qu’est une femme [en Turquie]. Au début du film, nous passons très rapidement de la beauté du paysage à une tragédie. Au travers des gros plans des visages, Deniz Gamze Ergüven a voulu « filmer la perte de la liberté au pied de la lettre ». Malgré ce réel, ce film est aussi très gai et vivant. Lale, la plus jeune des sœurs, héroïne de Mustang, apparaît comme la plus déterminée à ne pas se laisser faire. Le mode de jouir et l’ébauche du fantasme sont esquissés pour ces jeunes filles dans leur rencontre avec l’Autre sexe. Fini le groupe des filles, à chacune de trouver sa réponse face à l’inexistence du rapport sexuel.

[1]  Gamze Ergüven D., Hors-champ, France Culture, émission du 17 juin 2015.

[2]  Miller J.-A., « En direction de l’adolescence », Interpréter l'enfant, collection La petite Girafe, n°3, Navarin, 2015, p. 201.

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La psychanalyse, vite !

La FIPA, Fédération des Institutions de Psychanalyse Appliquée, création récente de l’École de la Cause Freudienne, a tenu sa première journée à Bordeaux, ce 12 mars dernier.

Elle est le fruit d’une gestation de plusieurs années de travail. Elle regroupe une trentaine d’associations affiliées, qui ont en commun de travailler avec le principe de gratuité, avec une limitation temporelle, variable, et le bénévolat de ses praticiens, analysants, c’est important. Patricia Bosquin-Caroz a resserré la chose en ouverture en rappelant que cette offre de parole se distingue de l’assistance sociale ou du soin médical ou psy, par l’orientation psychanalytique qui y prévaut, donnée par l’impulsion de J.-A. Miller. L’enjeu étant la mutation du bavardage en question, puis en réponse et savoir sous transfert pour capter le symptôme du sujet.

Il s’agit dans tous les cas de produire un savoir inédit qui permette au sujet un nouveau nouage à l’Autre qui vienne répondre au désarrimage du lien social éprouvé. Les cas présentés démontraient tous ce point-là.

Cette pratique n’est pas sans poser des questions à la psychanalyse d’aujourd’hui. Comment manier le transfert ? Traitement bref ou pas ? Et aussi la question du diagnostic et du phénomène clinique. Preuve est faite, que notre clinique d’aujourd’hui, depuis les travaux sur la psychose ordinaire est un aggiornamento de nos repères classiques. Comme l’a démontré J.-A. Miller par la précision tenace de ses questions, sur les phénomènes qui percutaient un sujet, a priori obsessionnel. Nous avons une intuition clinique, mais sur quels indices précis s’appuie-t-elle ? Il s’agit ensuite de vérifier si cela tient ou pas, et quel type de nouage est en jeu, typique, standard ou singulier. Tout cela poussé par la nécessité de la hâte, les séances sont comptées. Elles doivent déboucher sur un nouveau nouage. Même si l’indication peut se poser de consulter un analyste dans la cité, ultérieurement. Un cycle doit être bouclé.

Il s’agit toujours d’un repérage du phénomène sous transfert et d’être à l’écoute des réponses du sujet à ce phénomène. Comme l’a fait valoir Christiane Alberti, le sujet ne traite-t-il pas parfois le trou de la signification, qui peut le rendre perplexe, en apprenant une langue étrangère, soit des articulations ? Et à quelles conditions une langue capitonne ? Ainsi, un cycle peut se boucler.

Parfois c’est le dispositif qui est surprenant : on reçoit sans rendez-vous, le week-end ! Travail sur le lien social à réparer, dans une certaine urgence, ici avec pluralisation des psys, pas toujours le même : une offre spéciale pour accueillir des phénomènes spéciaux !

C’est la joie que nous trouvons dans notre travail, les petites solutions, les trouvailles qui marchent. C’est la psychanalyse, vite !

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