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Éditorial

Écrivez ce que vous désirez écrire, c’est tout ce qui importe, et nul ne peut prévoir si cela importera pendant des siècles ou pendant des jours. Mais sacrifier un cheveu de la tête de votre vision, une nuance de sa couleur, par déférence envers quelque maître d’école tenant une coupe d’argent à la main ou envers quelque professeur armé d’un mètre, c’est commettre la plus abjecte des trahisons. 

(Virginia Woolf, Une chambre à soi, Denoël 1992, p. 159).

L’Hebdo-Blog de l’ECF, de l’ACF et des CPCT tient à témoigner de sa tristesse et de sa colère devant l’ignominie qui s’est déroulée le 7 janvier envers  la rédaction de Charlie-Hebdo et qui s’est poursuivie les deux jours qui ont suivi.

Nous n’oublierons jamais que la liberté de parole et le mot d’esprit sont au cœur même de la psychanalyse.

Oui, il y a Charlie. Et il y a eu aussi Montrouge, Vincennes, le drame à l’Hyper Cacher.

Nous nous associons avec les  Conseils de l’ECF, de l'AMP, et de la NLS, dans ce drame.

À lire dans Le Point, paru le samedi 10 janvier, « Le retour du blasphème », de Jacques-Alain Miller, ainsi que l’ensemble du numéro.

À (re)lire, ici tout de suite,  deux textes, un pamphlet de Voltaire présenté par Luc Garcia, et un rappel freudien de Laura Sokolowsky : comme nous l’indique Freud, le Witz est une boussole.

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De l’horrible danger de la lecture

Jacques-Alain Miller, dans le numéro spécial du Point consacré à la tragédie de mercredi au journal Charlie Hebdo écrit ceci : « Les doctrines de la tradition ne furent pas réfutées, note Leo Strauss, mais chassées par le rire », et il ajoute « Charlie Hebdo était parmi nous comme la butte-témoin de cette dérision fondatrice ». Fonder cette dérision, Voltaire fut de ceux-là. Occasion de lire ce texte « De l'horrible danger de la lecture », qui fit date dans l'histoire pamphlétaire des Lumières. 

Luc Garcia

De l'horrible danger de la lecture

Voltaire

Nous Joussouf-Chéribi, par la grâce de Dieu mouphti du Saint-Empire ottoman, lumière des lumières, élu entre les élus, à tous les fidèles qui ces présentes verront, sottise et bénédiction. Comme ainsi soit que Saïd-Effendi, ci-devant ambassadeur de la Sublime-Porte vers un petit État nommé Frankrom, situé entre l’Espagne et l’Italie, a rapporté parmi nous le pernicieux usage de l’imprimerie, ayant consulté sur cette nouveauté nos vénérables frères les cadis et imans de la ville impériale de Stamboul, et surtout les fakirs connus par leur zèle contre l’esprit, il a semblé bon à Mahomet et à nous de condamner, proscrire, anathématiser ladite infernale invention de l’imprimerie, pour les causes ci-dessous énoncées. 1° Cette facilité de communiquer ses pensées tend évidemment à dissiper l’ignorance, qui est la gardienne et la sauvegarde des États bien policés. 2° Il est à craindre que, parmi les livres apportés d’Occident, il ne s’en trouve quelques-uns sur l’agriculture et sur les moyens de perfectionner les arts mécaniques, lesquels ouvrages pourraient à la longue, ce qu’à Dieu ne plaise, réveiller le génie de nos cultivateurs et de nos manufacturiers, exciter leur industrie, augmenter leurs richesses, et leur inspirer un jour quelque élévation d’âme, quelque amour du bien public, sentiments absolument opposés à la saine doctrine. 3° Il arriverait à la fin que nous aurions des livres d’histoire dégagés du merveilleux qui entretient la nation dans une heureuse stupidité. On aurait dans ces livres l’imprudence de rendre justice aux bonnes et aux mauvaises actions, et de recommander l’équité et l’amour de la patrie, ce qui est visiblement contraire aux droits de notre place. 4° Il se pourrait, dans la suite des temps, que de misérables philosophes, sous le prétexte spécieux, mais punissable, d’éclairer les hommes et de les rendre meilleurs, viendraient nous enseigner des vertus dangereuses dont le peuple ne doit jamais avoir de connaissance. 5° Ils pourraient, en augmentant le respect qu’ils ont pour Dieu, et en imprimant scandaleusement qu’il remplit tout de sa présence, diminuer le nombre des pèlerins de la Mecque, au grand détriment du salut des âmes. 6° Il arriverait sans doute qu’à force de lire les auteurs occidentaux qui ont traité des maladies contagieuses, et de la manière de les prévenir, nous serions assez malheureux pour nous garantir de la peste, ce qui serait un attentat énorme contre les ordres de la Providence. A ces causes et autres, pour l’édification des fidèles et pour le bien de leurs âmes, nous leur défendons de jamais lire aucun livre, sous peine de damnation éternelle. Et, de peur que la tentation diabolique ne leur prenne de s’instruire, nous défendons aux pères et aux mères d’enseigner à lire à leurs enfants. Et, pour prévenir toute contravention à notre ordonnance, nous leur défendons expressément de penser, sous les mêmes peines; enjoignons à tous les vrais croyants de dénoncer à notre officialité quiconque aurait prononcé quatre phrases liées ensemble, desquelles on pourrait inférer un sens clair et net. Ordonnons que dans toutes les conversations on ait à se servir de termes qui ne signifient rien, selon l’ancien usage de la Sublime-Porte. Et pour empêcher qu’il n’entre quelque pensée en contrebande dans la sacrée ville impériale, commettons spécialement le premier médecin de Sa Hautesse, né dans un marais de l’Occident septentrional; lequel médecin, ayant déjà tué quatre personnes augustes de la famille ottomane, est intéressé plus que personne à prévenir toute introduction de connaissances dans le pays; lui donnons pouvoir, par ces présentes, de faire saisir toute idée qui se présenterait par écrit ou de bouche aux portes de la ville, et nous amener ladite idée pieds et poings liés, pour lui être infligé par nous tel châtiment qu’il nous plaira. Donné dans notre palais de la stupidité, le 7 de la lune de Muharem, l’an 1143 de l’hégire.

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Le Witz, boussole freudienne

Nous n'oublierons jamais que la liberté de parole et le mot d'esprit sont au cœur même de la psychanalyse, comme nous l'indique Freud, pour qui le Witz est une boussole.

Dans son appendice à l'ouvrage sur le mot d'esprit, Freud évoque le rapport entre le surmoi et l'attitude humoristique. L'humour y apparaît sous les espèces d'une défense contre le réel. Freud lui donne ainsi la parole  : «  Regarde ! voilà le monde qui te semble si dangereux ! Un jeu d'enfant ! le mieux est donc de plaisanter ! » ( S.Freud, L'humour, (1928), appendice à Le mot d'esprit et ses rapports à l' inconscient, coll. Idées/ Gallimard, p.408). Il en déduit qu'il reste beaucoup de choses encore à apprendre sur le surmoi.

Dans le Seminaire IV, Lacan énumère pour sa part les variétes du rire. Il y a le rire du rire, le rire lié au fait qu'il ne faut pas rire, le fou rire des enfants, le rire d'angoisse, de la menace imminente, le rire gêné de la victime, le rire du deuil brusquement appris. (J.Lacan, Le Séminaire, Livre IV, Les formations de l'inconscient, Seuil, 1998). Le rire procède toujours d'une libération de l'image spéculaire, il surgit de l'écart produit entre l'image narcissique du moi, le prestige associé à sa stature, et ce qui se présente de réel sous nos yeux. L'image continue d'exister dans l'imaginaire dans son unité et sa prestance à l'instant même où le sujet se trouve dans une situation embarassante ou ridicule. C'est de l'écart entre le réel et l'imaginaire, par conséquent, que nous rions.

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Interpréter l’enfant, une mise au travail

L’interprétation apophantique, terme introduit par Lacan, a toute sa pertinence, y compris dans les cures d’enfants, comme nous l’indique Laurent Dupont, coordinateur du Nouveau Réseau CEREDA.

Le 21 mars 2015 aura lieu la 3e Journée d’étude de l’Institut de l’Enfant. C’est autour de son thème, INTERPRÉTER L’ENFANT, proposé par Jacques-Alain Miller, que les trois réseaux qui composent l’Institut de l’Enfant, CIEN, RI3, CEREDA, travaillent depuis deux ans.

À la lecture du thème, nous pourrions penser que nous sommes dans notre élément car interpréter est ce que l’on attend de celui qui s’oriente de la psychanalyse. Pour autant, une question se pose d’emblée : qu’est-ce qu’une interprétation ? Cette question en entraîne d’autres : d’où interprète-t-on ? Qu’interprète-t-on ? Comment et quand ? Pourquoi ? Et surtout : qu’est-ce qui opère ? C’est donc à une mise au travail de ces questions que nous sommes conviés.

De l’effet de sens à la lecture

L’interprétation freudienne donne du sens, du S2 à partir du S1. Pour Freud, le père est le point indépassable. L’amour pour le père est le fondement de la première identification, qui elle-même fonde les autres. Cette interprétation au nom du père repose sur l’idée de la prévalence du symbolique, la cure menant le sujet vers le roc de la castration. Cette perspective sera reprise par Lacan et trouvera son apogée dans la métaphore paternelle. Lacan va déployer toute une série d’enjeux autour de l’interprétation à partir de la question du Nom-du-Père. J.-A. Miller en reprendra le fil pour dégager trois termes sur lesquels s’appuie l’interprétation : la parole, le langage, la lettre qui donnent des effets, effets de sens, effets de vérité[1].

Puis, en déployant la question de l’objet a, de la jouissance et de la pluralisation des Noms-du-Père, Lacan montre que c’est lalangue qui prend en charge la jouissance. Le sinthome est ce qui vient l’appareiller. Ce qui est alors visé, ce sont des S1 tout seuls qui ont imprimé leur marque de jouissance dans le corps propre du sujet. Pour toucher la jouissance en jeu, l’interprétation devient équivoque, elle maintient l’énigme de l’énonciation et laisse un sens opaque. À ce moment, l’interprétation vise le bord, la limite, l’événement, et le clinicien accompagne l’enfant dans ce qu’il lui sera possible de construire à partir de cet aperçu. Ce type d’interprétation est trans-structurel et opère sur la jouissance par la coupure. Il ne s’agit plus d’écouter le sens dans la séance, mais de lire la séance hic et nunc via la syntaxe, la grammaire, l’homophonie...

Quelle place pour l’intervention ?

Comment attraper ce qui échappe au sens ? S’il y a disjonction du signifiant et du signifié, l’interprétation repose donc sur le signifiant dans sa matérialité. Plus que jamais, il est important de ne pas se hâter de comprendre, par exemple avec les dessins d’enfants. Il faut les considérer eux-mêmes comme une écriture afin de permettre l’émergence de signifiants et faire reposer l’interprétation sur ces signifiants. Ce n’est plus une compréhension, mais une lecture de la séance. Lacan nommera cela l’interprétation apophantique[2]. Comment faire passer la parole du côté de l’écriture et de la lecture ? Ce terme apophantique implique une ouverture vers l’énigme dans le registre de l’énonciation, soit jouer sur les équivoques signifiantes, ce qui permet au sujet d’isoler les mots dans leur statut hors sens, avec des incidences au niveau du corps. Les enfants saisissent rapidement que le statut de la parole n’est pas le même suivant les interlocuteurs, cela offre une plus grande liberté, mais doit aussi nous inciter à la prudence.

Accompagner l’enfant

Ce mode d’interprétation, au-delà de l’Œdipe, n’annule pas les autres. Les effets de sens et de vérité restent patents et fondamentaux dans une cure. Dans le texte de J.-A. Miller « Une réflexion sur l’Œdipe et son au-delà »[3], il est repérable qu’il y a l’Œdipe et son au-delà, cela ne veut donc pas dire sans l’Œdipe. Nous avons plutôt affaire à un élargissement du champ de l’interprétation. Quand un enfant rencontre un clinicien qui s’oriente de la psychanalyse, il est un sujet à part entière et sa parole, comme toutes les productions qu’il réalise, doit être accueillie comme telle. Si, là aussi, il est parlé avant de parler, par ses parents par exemple, il convient de pouvoir redonner sa place à son énonciation. Là se joue souvent un moment initial de l’interprétation. Nous pouvons lire l’indication de J.-A. Miller « de la signalisation à la transformation » comme un trajet constitué de multiples étapes, qu’il balise à l’aide de cinq axes : situer l’idéal du moi, interpréter les parents, capturer dans le réseau, extraire le sujet et même critiquer l’hallucination[4].

La Journée d’étude de l’Institut de l’Enfant promet donc, bien au-delà des enfants, de nous enseigner sur l’interprétation dans la psychanalyse aujourd’hui.

Le blog de l’Institut de l’Enfant[5] en est d’ores et déjà le témoignage.

[1] Miller J.-A., « Le monologue de l’apparole », La Cause freudienne, Paris, Navarin/Seuil, n° 34, octobre 1996. [2] Lacan J., « L’étourdit », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001. [3] Miller J.-A., « Une réflexion sur l’Œdipe et son au-delà », Mental, n° 31, avril 2014. [4] Miller J.-A., « Interpréter l’enfant », Le savoir de l’enfant, Paris, Navarin, 2013. [5] http://jie2015.wordpress.com

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« Cherchez la femme »

Annonce du Café Psychanalyse du 23 janvier 2015*

Depuis six saisons les Cafés Psychanalyse en ACF Île de France ont pour principe d’offrir au grand public aux côtés des cliniciens et amis de la psychanalyse des formes variées de débats. Cela peut être l’invitation d’un psychanalyste auteur d’un ouvrage récemment paru et touchant à l’actualité du malaise dans la civilisation. Cela peut être un débat sur un thème plus étendu avec la participation de plusieurs invités. Ou encore un débat avec un psychanalyste invité et les comédiens et le metteur en scène après une représentation théâtrale sur un thème inspiré par le spectacle. Cela peut aussi être un débat avec plusieurs invités autour d’un film projeté dont le thème n’est pas sans rapport avec le sujet des ouvrages dont les invités sont les auteurs.

Le trait commun entre toutes ces formes de débats c’est qu’il s’agit d’un exercice d’improvisation auquel se prêtent les invités ce qui facilite les surprises et les bonnes rencontres, dixit les échos recueillis du public !

« Traditionnellement, l’éducation des petites filles ne vise qu’un seul objectif : en faire des femmes, de bonnes épouses, de bonnes mères, de bonnes ménagères. Tout ce qui n’a pas trait à cet apprentissage est considéré comme jeu de garçon », ainsi se présente l’écriture, sur fond de tableau noir d’école, du répartitoire des sexes dans la brochure du Théâtre de Châtillon annonçant la représentation du spectacle Modèles mis en scène par Pauline Bureau et interprété par la Compagnie la Part des Anges.

Sur une proposition de François Regnault, nous avons retenu « Cherchez la femme » comme thème pour le débat du Café Psychanalyse qui fera suite à la représentation de Modèles et ce en écho à la question posée par la dramaturgie : qu’est-ce que c’est être une femme en 2015 ? Dominique Miller qui a écrit sur la place de la psychanalyse dans la civilisation d’aujourd’hui et son rapport à la vie, en tant qu’invitée, nous accompagnera dans le débat avec les artistes et le public.

Sont-elles finies les modélisations signifiantes binaires, réduites au plus simple, pour ce qu’il en est des identifications féminines ou masculines qui ont orienté de si nombreuses générations d’enfants, jusqu’aux révolutions soixante-huitardes ? Sont-ils finis le rose pour les filles et le bleu pour les garçons ? Sont-ils finis les jouets formatés, les poupées mannequins et tous leurs accessoires « féminins » ou les appareils ménagers miniaturisés pour les filles futures femmes et ménagères, les pistolets ou les épées ou les « mécanos » pour les garçons futurs guerriers ou entrepreneurs ? Aujourd’hui tous les goûts et les couleurs sont disponibles sur le marché des objets et sont proposés à grands renforts de pubs aux enfants sans distinction de sexes à l’aune des objets adultes. La révolution des consoles de jeux et des jeux vidéo accessibles à tous est à ce titre paradigmatique du gommage progressif de l’ordre générationnel qui permettait jusque-là de s’orienter dans l’avenir : quand je serai grand je ferai ceci ou cela ou encore mieux, quand je serai grand je ne ferai pas comme les parents !

Au temps de la modélisation binaire, les choix identificatoires pouvaient se faire sur le mode de la transgression ou de l’opposition à la norme imposée. Quand le « tout est possible » devient la norme imposée, comment peut s’opérer sa transgression ou son opposition pour se savoir devenir sujet femme ou homme singulier ?...

Dans son spectacle, Pauline Bureau nous propose un tissage de différents textes émanant d’auteurs comme Pierre Bourdieu ou Marie Darrieussecq ou Virginie Despentes ou Marguerite Duras ou Catherine Millet ou encore Virginia Woolf. A ce patchwork littéraire, Dominique Miller ajoutera sa lecture psychanalytique.

La soirée s’annonce d’ores et déjà prometteuse d’un débat vif branché sur l’actualité du malaise de la civilisation. Elle se tiendra le vendredi 23 janvier 2015 à partir de 20h30 au Théâtre de Châtillon : à 20h30 représentation de Modèles mis en scène par Pauline Bureau et à 22h30 le débat avec Dominique Miller, François Regnault, les artistes et le public. Venez nombreux.

Les places étant numérotées, il est recommandé de réserver celles-ci auprès de la billetterie du Théâtre de Châtillon, soit par téléphone au 01 55 48 06 90 ou par mail à billetterie@theatreachatillon.com

Vous pouvez aussi visiter le site du Théâtre sur www.theatreachatillon.com pour toutes les informations sur le lieu et les moyens de vous y rendre.

*José Rambeau - responsable des Cafés Psychanalyse

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Quand l’équilibre se rompt

Les nouvelles formes de la famille opèrent des déplacements, des pluralisations, des décompositions qui peuvent rompre avec l’arrangement classique du noyau structural de la famille œdipienne. Une place est à faire à ce qui ne va pas pour des sujets singuliers dans leurs symptômes, considérés au un par un dans le malaise qui leur est spécifique. Le discours analytique porté au CPCT le permet. Tel est notre pari.

Le signifiant « crise » renvoie à un moment critique où les choses basculent. Nous la considérerons comme étant un des signifiants-maîtres de notre temps et comme une façon de nommer un réel. Cette conception permet d’envisager la crise sous un autre angle : non pas l’éviter mais la prendre pour un indice du réel que le sujet a à apprivoiser. Par le passage au CPCT, dont le temps court est inhérent au dispositif même, une coupure pourrait-elle advenir afin de libérer – un peu tout au moins – le sujet des prisons de sa jouissance[1] pour reprendre l’heureuse expression de Jacques-Alain Miller ?

Hanna : « un combiné de deux vies »

Hanna, trente-quatre ans, se présente à cette première rencontre de façon plutôt réservée et distante. Elle vit en couple avec son époux depuis quinze ans et est enceinte de quatre mois de son troisième enfant. Elle se dit « agitée » et « paralysée par des sentiments contradictoires ». Elle en livre la cause déterminante : depuis trois ans, elle entretient en parallèle une relation amoureuse et suivie avec une femme tout en ayant toujours du désir pour son mari, précise-t-elle. Hanna maintient un équilibre psychique avec ce qu’elle nomme un « combiné de deux vies », sa vie familiale avec son mari et ses enfants et sa relation à sa maîtresse. Ce choix impossible ne la divise aucunement. Elle s’accommode tout à fait de cet agencement familial. Hanna ne remet pas non plus en cause sa position sexuée : être hétérosexuelle ou homosexuelle n’est pas sa question. Bien au contraire, elle maintient jusqu’alors adroitement une certaine homéostasie de son choix de jouissance.

La crise qui la bouleverse advient sans crier gare. Hanna, « chargée » subjectivement, ressent « un manque » insupportable : sa maîtresse se montre de plus en plus distante à son égard. La rupture s’annoncerait : son amie est amoureuse d’une autre femme. Nous faisons l’hypothèse que la dimension d’identification imaginaire à son amoureuse qui la soutenait jusqu’alors vole en éclats. Reprenons la déclinaison logique du tryptique familial :

  • Elle aime son mari de qui elle attend un enfant tout à fait désiré.
  • Elle fréquente parallèlement et en secret une autre femme depuis trois ans.
  • Cette femme aime une autre femme et repousse sexuellement Hanna qui redoute fortement une rupture imminente.

Hanna et son amie ont un projet professionnel « commun » en cours. Nous intervenons : « C’est comme votre enfant à vous deux en quelque sorte » et levons la consultation par une décision d’entrée au CPCT.

Comment réaménager sa jouissance face à cet équilibre familial en crise ? Hanna aurait-elle jusque-là tenu dans sa famille grâce à la structuration œdipienne par des identifications conformistes à l’épouse et à la mère jusqu’à cette rencontre extra-conjugale ? Cette rupture amoureuse aurait-elle fait voler en éclats son équilibre psychique, ce qui la pousse à venir consulter au CPCT ? Pour Hanna, nous ferons l’hypothèse que le sentiment de vie est atteint par cette rupture amoureuse qui la confronte à « la faillite[2] » de l’amour comme l’indique Lacan en 75 en parlant du sujet psychotique. Cet habillage de « vies combinées » maintenait un rapport à l’imaginaire qui, se dénudant, la fait chavirer. Sa croyance au rapport sexuel et en La femme est démontée. La crise de la famille n’est que semblant, apparence. Dévoilerait-elle une faille plus à vif créée par ce véritable laissé en plan de l’aimée ? Son traitement au CPCT peut s’entrevoir comme une brèche dans ce nouveau temps qui surgit pour elle alors que l’équilibre imaginaire qui cadrait jusque-là son réel vacille. Hanna s’en saisira-t-elle ? Ici encore, seul le traitement ultérieur le prouvera.

Miser sur la singularité

Face à la loi symbolique traditionnelle de la famille, Hanna affirme sa singularité. Elle use des semblants conformistes des liens familiaux pour recouvrir un amour illimité et ravageant qui bouleverse son sentiment de vie. En cela, elle objecte au programme conformiste papa-maman-enfant. Elle nous enseigne que l’universel ne réglera jamais ces questions de familles en crise et que la jouissance, dans sa particularité la plus opaque, s’infiltre comme protestation contre l’idéal. À ce titre, Hanna ne nous indique-elle pas que la famille a son origine dans le malentendu et la rencontre impossible ? Mieux vaut alors ne pas reculer devant la crise, autre nom du réel.

[1] Miller J.-A., « Les prisons de la jouissance », la Cause freudienne, Paris, Navarin, septembre 2008, n° 69, p. 113-123. [2] Lacan J., « Conférences et entretiens dans les universités nord-américaines », Scilicet, n° 6/7, Paris, Seuil, 1976, p. 16.

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« Un traitement modificateur de structures »[1]

L’enseignement de Lacan n’apparaît pas linéaire, il existe des ruptures subtiles, des changements de paradigme. Nous devons à Jacques-Alain Miller de nous permettre d’en saisir la logique à travers l’ordre de publication des séminaires, la parution du Séminaire VI en étant un exemple particulièrement éclairant. Notre combat doit aussi s’engager sur le terrain d’une mise à ciel ouvert de la psychanalyse comme un « instrument terriblement efficace » : il s’agit d’en démontrer les effets dans l’expérience. Ce texte de Fatiha. Belghomari y contribue.

Dès l’introduction du Séminaire VI[2], Jacques Lacan précise ce que nous pouvons attendre d’un traitement : une modification de structure.

Cette thèse vient après deux textes majeurs : « D’une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose »[3] et « La direction de la cure et les principes de son pouvoirs »[4]. D’emblée, Lacan souligne que « Une analyse […], c’est un traitement, un traitement psychique »[5], reprenant le développement freudien sur le traitement « de troubles psychiques ou corporels - [et ce], par ‘‘la simple’’ parole du médecin. »[6]

L’analyse, comme traitement des psychoses, a été interrogée à la suite des travaux de Lacan autour de la question de la pertinence du dispositif analytique auprès des psychotiques ainsi que de la position de l’analyste. La plupart des débats se sont conclus sur le fait que les analystes ont à se faire « secrétaires de l’aliéné »[7]. Puis, les élaborations cliniques et théoriques se sont centrées sur la question du traitement de la jouissance qui envahit le sujet psychotique. Ainsi, la limitation, la traduction, voire la nomination[8] sont alors apparues comme autant de modalités possibles de traitement de cette jouissance. La nomination vient s’inscrire dans le droit fil de la thèse de Freud selon laquelle la fonction paternelle, de par l’interdit qu’elle promeut, circonscrit la jouissance. Lacan notera que dans « le fait […] donné par l’expérience, […] c’est tout autre chose qui s’opère, à savoir la normalisation du désir dans les voies de la loi »[9].

Lacan relève une modification sur les actes manqués, les symptômes et les structures « qui s’appellent névroses ou les neuropsychoses, et que Freud a d’abord structurées et qualifiées comme neuropsychoses de défense »[10]. Voilà dans quelles perspectives s’inscrit son propos. Lacan se réfère à deux textes[11] dont les traductions usuelles ne rendent pas compte de la portée de la découverte freudienne du point de vue structural. Traduire « psychonévrose » est un contresens dans la mesure où Freud lui-même précise que psycho est ce qui a à voir avec l’âme, les affects et qu’« il n’est pas rare qu’une psychose de défense vienne épisodiquement interrompre le cours d’une névrose hystérique ou mixte »[12].

Le « modificateur » serait l’agent qui produit des changements non de jouissance mais du désir. Le traitement viserait à en produire des effets. Modifier la structure, c’est modifier le désir qui est « avant tout l’effet de la structure du langage »[13] mais aussi « une défense d’outrepasser une limite dans la jouissance »[14]. Limiter donc la jouissance induirait une modification de la structure du désir.

Il s’agirait de permettre que le sujet cerne son objet qui va le rendre désirant. Si nommer, c’est apporter au sujet psychotique des signifiants pour border sa jouissance, n’est-ce pas faire trou pour qu’y soit logé un désir décongelé[15] ?

Cette introduction ne marque-t-elle pas ce qui, de la modification structurale, doit être visé, soit une modification de la structure du désir que la psychanalyse traiterait tel « un instrument terriblement efficace »[16] ?

[1] Lacan J., Le Séminaire, livre VI, Le désir et son interprétation, Paris, Éditions de la Martinière et Le Champ Freudien Éditeur, 2013, p. 11. [2] Ibid. [3] Lacan J., « D’une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose », Écrits, Paris, Seuil, 1966. [4] Lacan J., « La direction de la cure et les principes de son pouvoir », Écrits, op. cit. [5] Lacan J., Le Séminaire, livre VI, Le désir et son interprétation, op. cit. [6] Freud S., « Traitement psychique », Résultats, idées, problèmes, tome I, Paris, PUF, 1984, p. 2. [7] Lacan J., Le Séminaire, livre III, Les psychoses, Paris, Seuil, 1981, p. 233. [8] Cf. l'éditorial de Guy Poblome, « Conversations, traductions, nominations », Les feuillets psychanalytiques du Courtil, n° 22, mai 2004. [9] Lacan J., Le Séminaire, livre X, L'angoisse, Paris, Seuil, 2004, p. 389. [10] Lacan J., Le Séminaire, livre VI, Le désir et son interprétation, op. cit. [11] Cf. Freud S., « Les psychonévroses de défense », « Nouvelles remarques sur lespsychonévroses de défense », Névrose, psychose et perversion, Paris, PUF, 1981. [12] Ibid., p. 14. [13] Miller J.-A., « Lacan, professeur de désir », propos recueillis par Christophe Labbé et Olivia Recasens, le 6 juin 2013, Le Point.fr http://www.lepoint.fr/culture/lacan-professeur-de-desir-06-06-2013-1688542_3.php [14] Lacan J., « Subversion du sujet et dialectique du désir », Écrits, op. cit., p. 825. [15] Cf. Lacan J., Le Séminaire, Livre XXII, « R.S.I. », leçon du 8 avril 1975, in Ornicar ? n° 5, hiver 1975/76, p. 42 : « la paranoïa, [...] c'est un engluement imaginaire. C'est une voix qui sonorise le regard qui y est prévalent, c'est une affaire de congélation du désir ». [16] Lacan J., « Les clefs de la psychanalyse », Entretien avec Madeleine Chapsal, paru dans L'Express n° 310, 31 mai 1957.

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La légende noire de Jacques Lacan – Questions de l’Hebdo-Blog à Nathalie Jaudel

L’HB – Vous n’avez pas voulu écrire une psychobiographie (début du livre). Pouvez- vous nous éclairer sur ce qui vous a poussée à écrire ce livre et à enquêter ?

NJ – Ce livre est né d’une rencontre contingente : l’émission de radio, fin 2009, au cours de laquelle Élisabeth Roudinesco a donné à Raphaël Enthoven une interview à propos de la réédition au Livre de poche des trois volumes remaniés de son Histoire de la psychanalyse en France et de la biographie qu’elle a consacrée à Jacques Lacan. Lorsque je l’ai entendue acquiescer au fait que, de Dalí ou de Lacan, le plus fou des deux n’était pas celui qu’on croit, ou dire que si Lacan pratiquait la séance courte c’était, entre autres, par amour de l’argent, je me suis dit qu’il était temps de se pencher sur la biographie. Dès le prologue, j’ai été stupéfaite par sa façon de procéder. Au prétexte de planter le décor et de replacer la famille de Lacan dans son contexte historique, celui de vinaigriers originaires d’Orléans, ce qu’elle amenait d’entrée de jeu, c’étaient les termes de « légende noire », d’ « excréments » et d’« escroquerie ». Cela disait quelque chose des intentions qui animaient l’auteure. La suite de ma lecture n’a pas démenti cette première impression. De là est née l’idée de poursuivre la recherche en m’attachant à repérer les traces de son énonciation pour cerner la place d’où elle écrivait. Même si un portrait de Lacan se dégage de ce travail, mon intention n’a en effet jamais été d’écrire une contre-biographie, ni de me livrer à la psychobiographie d’Élisabeth Roudinesco.

L’HB – Pourriez-vous reprendre en quelques mots la distinction dont vous vous servez entre rhétorique mémorielle et rhétorique historique ?

NJ – Ce dont je me suis rendue compte assez vite au cours de ma lecture et des recherches que j’ai entreprises sur la méthode historique, c’est que la position de témoin et celle d’historien sont, depuis que l’histoire est devenue une discipline à part entière, incompatibles. On ne peut pas se faire l’historien de sa propre histoire. La position de l’historien requiert une distance par rapport aux événements qui est impossible à qui les a vécus personnellement. Or, Élisabeth Roudinesco est la fille d’une proche de Lacan, et elle-même a été membre de l’École freudienne de Paris et partie prenante à la dissolution. Derrida l’avait avertie dès l’origine de son projet : elle ne pouvait pas l’écrire à la troisième personne ; il fallait dire « je ». Elle s’y est refusée, et le résultat est que son transfert négatif, ses jugements tous azimuts, à l’égard de Lacan comme de son entourage, infiltrent tout ce qu’elle écrit ; elle en use légèrement avec les règles de la méthode historique, avec les documents, avec les sources, avec les témoignages ; elle interprète toujours à charge, tout en prétendant à l’objectivité du chercheur dépassionné.

L’HB – Selon vous, à quoi devrait tendre une biographie éclairée par la psychanalyse ? 

N’y aurait-il pas chez l’historienne le désir de construire une histoire complète, intelligible, sans part d’ombre de l’être d’un sujet ?

NJ – Je ne sais pas si l’on peut parler de biographie éclairée par la psychanalyse... en dehors des récits de passe, peut-être ! Le plus bel exemple que j’ai rencontré de ce vers quoi pourrait tendre une biographie orientée par la psychanalyse, c’est le Michelet de Roland Barthes. Il porte d’ailleurs un sous-titre qui illustre bien ce dont il s’agit puisqu’il s’intitule : Micheletpar lui-même. C’est un portrait fait de fragments, de morceaux mal ajointés. C’est l’histoire d’un corps parlant, dont les événements qui l’affectent sont au cœur de l’ouvrage. Il n’émane pas d’un historien ; il ne rétablit pas la continuité ; il ne raconte pas, si ce n’est en creux, la vie de cet homme de sa naissance à sa mort. Pour moi, le résultat est non seulement plus heureux, mais, pour autant qu’il existe quelque chose comme une « vérité du sujet », il est aussi beaucoup plus vrai.

D’une certaine manière, on pourrait estimer que la biographie de Jacques Lacan par Élisabeth Roudinesco est éclairée par une certaine vision de la psychanalyse. En tout cas, l’auteure s’en réclame, d’autant plus qu’il s’agit pour partie d’une biographie intellectuelle qui se donne pour ambition de retracer ce qu’elle appelle « l’histoire [du] système de pensée » d’un psychanalyste. Mais si l’on prend les récits de passe, et donc le tout dernier enseignement de Lacan, comme boussoles de ce vers quoi devrait tendre une biographie, la visée serait le moins d’hystoire et le plus de logique possibles, en s’orientant à partir des dits du sujet biographié : c’est sur ces points même que le projet d’Élisabeth Roudinesco échoue. Non seulement n’accorde-t-elle aucun intérêt à ce que Lacan dit de lui-même, mais encore plaque-t-elle sur ses actes, ses paroles, sa vie, diverses interprétations psychologisantes qui vont toutes dans le même sens : rabaisser sa personne et son enseignement et le faire apparaître comme un vulgaire Rastignac dont l’ambition le portait à rechercher avant tout la gloire et la reconnaissance générale, parfois servile, avide d’argent et qui, après une période de puissance intellectuelle indéniable ayant culminé dans les Écrits, aurait sombré dans la décadence néologique, prélude à une véritable « implosion crépusculaire » de sa pensée.

Dès lors, le tout dernier enseignement de Lacan, dont Jacques-Alain Miller nous a appris à comprendre tant l’importance que le caractère novateur, est absolument étranger à Élisabeth Roudinesco ; elle le considère comme pure divagation d’un esprit dérangé. Elle n’accorde de valeur qu’au Lacan structuraliste, celui du Nom-du-Père et du rapprochement entre la psychanalyse et l’histoire. D’où l’importance qu’elle accorde à la tradition, aux généalogies, à l’histoire des idées, aux filiations intellectuelles. D’où aussi son désintérêt pour toute tentative de saisir le sujet par le biais du réel, de la contingence, du fragment, de l’éclat. D’où, enfin et surtout, le fait qu’elle passe complètement à côté du personnage.

L’HB  Le Jacques Lacan d’Élisabeth Roudinesco tient-il du roman ou du récit ?

NJ – La vision généalogique que j’évoquais plus haut oblige Élisabeth Roudinesco à faire prévaloir la continuité sur la discontinuité, la narration sur le fragment : ce qu’elle nous livre n’est pas de l’histoire, pas même une hystoire. C’est d’autant plus vrai qu’elle n’accorde pas le moindre intérêt à ce que Lacan a dit de lui-même, à de nombreuses reprises, au cours de son enseignement tant oral qu’écrit. Résultat : elle prend appui sur la supposition de savoir impliquée par le fait de se réclamer de la discipline historique et sur la garantie qu’emporte l’exercice de cette profession, pour produire une biographie qui n’est en réalité qu’un roman – plus proche de Balzac que de Marc Bloch ou de Jacques Le Goff.

L’HB  Et qu’en est-il de son Freud qui vient de paraître ?

NJ – Elle vient de recommencer avec Freud, mais cette fois-ci, les jurys littéraires ne s’y sont pas trompés puisqu’ils n’ont décerné à l’historienne ni le Médicis essais ou le Femina essais, ni le prix du Sénat du livre d’histoire ou le Grand prix des rendez-vous de l’histoire de Blois ; mais elle s’est vue remettre deux prix généralement attribués à des ouvrages de fiction : romans ou biographies romancées. À ma connaissance, c’est une première pour un historien ! Sans doute à leur insu, et au prétexte de l’hommage, ces jurys ont renvoyé Élisabeth Roudinesco à la vérité de sa position d’écrivain : romancière et non pas historienne. C’est un point crucial, car eût-elle affirmé écrire une biographie romancée et s’y fût-elle mise en scène à la première personne comme l’ont fait, récemment, Emmanuel Carrère dans Limonov ou Patrick Deville, plus discrètement, dans Peste et choléra, il n’y aurait rien eu à redire.

Son Freud est cependant un peu différent de son Lacan : elle ne l’a pas connu, son transfert négatif est moins présent et sa propre histoire interfère moins. Par ailleurs, grâce aux archives, elle apporte un démenti à nombre d’affirmations plus ou moins outrancières des détracteurs de la psychanalyse. Mais de nouveau, c’est un personnage de fiction qu’elle construit – et d’une fiction à la mode d’aujourd’hui. En faisant de Freud un « romantique noir » fasciné par Faust, Méphisto, l’occultisme et les « Lumières sombres », en qualifiant l’inconscient de « monde souterrain du chaos et des Titans », elle évacue la particularité essentielle de son apport, qui consiste à avoir dégagé l’inconscient de sa gangue romantique pour en définir les lois rigoureuses de fonctionnement. Ce Freud « gothique » est séduisant, à l’époque de séries télévisées comme Penny Dreadful, mais il est à côté de la plaque. Plus grave : non seulement fait-il manquer à ses lecteurs non avertis l’essence même de la révolution dans le savoir dont il a été l’initiateur, mais encore rend-il incompréhensible et superfétatoire le « retour à Freud » de Lacan.

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